Hicham BELHAJ, FLSH, Dhar El Mahraz, Université Sidi Mohamed Ben Abdellah, Fès, Maroc
La religion a toujours été la source de la véritable inspiration pour les arts. Au Moyen-âge, soucieuse de vulgariser les textes sacrés de la Bible pour qu’ils soient à la portée d’un peuple dont l’immense majorité est illettrée, l’église catholique a favorisé le développement de la peinture pour en faire une « Bible des illettrés ». La fonction allouée à l’image était de traduire et séduire puisqu’elle était chargée de retracer magnifiquement les principaux épisodes de l’Ancien et du Nouveau Testaments. En terres d’Islam, l’aniconisme et l’iconophobie ont placé la calligraphie et la miniature au centre de l’art dit islamique. L’écriture arabe va ainsi jouir d’un statut privilégié puisqu’elle assurait la fonction de transcrire le Verbe divin, à savoir le texte coranique, en le magnifiant. Au Maroc, l’aniconisme a refait surface avec la doctrine malékite. Cela a eu pour résultat l’éclipse peu ou prou totale de toute représentation figurative. « La révolution visuelle » n’a eu lieu que grâce à l’instauration de la peinture de chevalet par les français, en 1920.
L’objectif de notre communication est de s'interroger sur la façon dont l’art contemporain marocain représente la question du sacré et de la religion.
Comment les sujets sacrés sont-ils représentés ? Y –a- il des frontières entre le sacré et ce qui ne l’est pas ? Comment l’art peut-il violer la notion du sacré ? Comment négocie-t-il avec elle ? Quelles interprétations peut-on proposer à partir des exemples qui seront étudiés ?
Voilà quelques-unes des questions auxquelles nous tenterons d'apporterdes pistes de réponse. Pour ce faire nous allons interroger l’œuvre de Mounir Fatmi qui regorge de motifs et d’objets religieux. Le choix de cet artiste est justifié par le fait qu’il incarne parfaitement le statut de l’artiste contemporain qui tente d’explorer de nouvelles méthodes de travail en vue de penser des préoccupations d’ordre esthétique, sociologique, économique et religieux.
Notre corpus d’analyse sera constitué de formes variées de l’œuvre de Mounir Fatmi, en l’occurrence des installations, des performances et des œuvres photographiques.
Notice biographique:
Enseignant-chercheur à la Faculté des Lettres et des Sciences Humaines Dhar El Mahraz (Université Sidi Mohamed Ben Abdellah- Fès) et membre du Laboratoire de Recherche sur l’Expression Littéraire et Artistique (LaRELA), Hicham BELHAJ est titulaire, depuis 2013, d’un doctorat en Littérature, Art et Philosophie. Il est l’auteur de deux livres : Approche de la mythologie : Les mythes théogoniques, cosmogoniques et anthropogoniques gréco-romains et bibliques (Publications du LaRELA, sous presse) et La pensée de l’Etre dans la poésie et la peinture de Mohammed Kacimi(Editions universitaires européennes, Sarrebruck (Allemagne), 2013.). Il a également publié de nombreux articles interrogeant la littérature française et francophone, la littérature et les arts comparés, la critique d’art et la mythologie euro-méditerranéenne, dans des revues scientifiques et dans des ouvrages collectifs, et a participé à de nombreux colloques nationaux et internationaux.
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2.Bergez, Daniel, Littéraire et peinture, Armand Colin, Paris, 2004, p.9.